Le cerveau a-t-il un sexe ?

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Cerveau sexué ?

Selon le neurobiologiste Jean-François Bouvet, différents travaux montrent qu'il y a une certaine sexualisation du cerveau qui se manifeste très précocement. Dès le stade foetal, par exemple, les cortex diffèrent.

Pour autant, les scientifiques se mènent une guerre sans merci concernant l'amplitude et l'origine de ces différences :

• D'un côté, des neuroscientifiques défendent l'idée d'un cerveau sexué, fruit d'un déterminisme biologique.
• De l'autre, les papesses des gender studies affirment que les cerveaux masculins et féminins sont identiques à la naissance, mais qu'ils sont façonnés ensuite par l'éducation.

Les deux s'affrontent en se traitant d'idéologues. Or, la réalité paraît bien plus complexe...

Education ou déterminisme ?

Même si on fait des découvertes passionnantes, il est encore très compliqué de démêler ce qui relève de l'éducation ou du déterminisme biologique.

Selon différents travaux, les seuls domaines pour lesquels c'est relativement clair sont l'orientation spatiale et le langage :

• Le cortex s'épaissit nettement dans les zones associées langage chez les filles.
• Or, les garçons auront, eux, une couche plus épaisse dans les zones favorisant l'orientation spatiale.

Fonctionnement cyclique, et alors ?

Dire que le cerveau de la femme fonctionne de manière cyclique n'a rien de révolutionnaire. Ce qui l'est davantage, ce sont les découvertes des psychologues de l'université de Durham en Grande-Bretagne qui ont réussi à montrer que le cerveau des femmes fonctionnait de façon asymétrique pendant les règles, et de façon plus symétrique après l'ovulation.

Ainsi, lorsque leurs taux d'hormones sexuelles sont au plus bas, les femmes traitent préférentiellement l'information, comme les hommes, avec leur hémisphère gauche. En revanche, après l'ovulation, quand les concentrations hormonales sont élevées, les deux hémisphères participent à nouveau de manière équilibrée.

Mais est-ce que cela change pour autant leur façon d'aborder les problèmes ? On ne sait pas encore.

Différences majeures !

La différence majeure concerne la taille : en moyenne, les hommes ont un cerveau plus volumineux que celui des femmes.

Dans le détail, l’excédent de volume chez les hommes est de 12 % pour le crâne, de 9 % pour la matière grise, de 13 % pour la matière blanche et de 9 % pour le cervelet. Les auteurs ont également observé un contraste de structure entre les cerveaux des deux sexes.

En effet, la densité et le volume de certains tissus sont plus importants dans certaines régions du cerveau des hommes alors qu’elles le sont dans d’autres zones cérébrales chez les femmes.

Différents mais pareils...

Même si le cerveau de l'homme et celui de la femme sont sensiblement différents à l'origine, ils peuvent finir par se ressembler.

En effet, ce que montre différents travaux, c'est que nous ne sommes pas entièrement programmés par nos gènes. La plasticité du cerveau permet une reconfiguration permanente par la culture et les pressions sociales.

Ainsi, contrairement à ce qu'on pensait il y a encore quelques années, en se servant beaucoup d'une fonction, on peut former de la matière grise dans certaines zones du cerveau. Autrement dit, les filles ont beau se repérer moins bien dans l'espace, avec un peu d'entraînement, elles peuvent y arriver !

Faux problème ?

Qu'est-ce que l'intelligence ? Question à laquelle aucun philosophe n'a pu répondre jusqu'à présent. Même si l'homme et la femme ne pensent pas exactement de la même manière, on ne peut pas dire qu'une façon de penser est meilleure que l'autre.

La question n'est pas la différence entre cerveau masculin ou féminin, mais entre tous les cerveaux. De nombreux travaux montrent qu'il peut y avoir plus de différences entre deux cerveaux masculins, ou deux cerveaux féminins, qu'entre un cerveau masculin et un cerveau féminin.

Quel que soit l'aspect sexué ou non du cerveau, les différences sont nécessairement et complémentaires... Mais aujourd'hui l'animal humain veut à tout prix que la femme soit identique à l'homme... Demande-t-on à notre voisin d'être identique à nous-même ? Il faut lutter contre les stéréotypes et les préjugés, mais faire de l'autre un autre moi-même, est une autre histoire...

Masculin ou féminin ?

En 2003, Baron-Cohen développa la théorie empathisation-systémisation qui affecte à chacun, indépendamment de son sexe, un type de cerveau particulier - « masculin » ou « féminin » :

• Ses travaux suggèrent, en effet, que le cerveau féminin est prédisposé à l'empathie, les femmes étant généralement plus à l'écoute des autres et manifestant plus de sensibilité aux expressions faciales et à la communication non verbale.
• Le cerveau masculin serait, en revanche, plus apte à comprendre et à construire des systèmes ; intéressé par le fonctionnement des choses et leur organisation, il est meilleur dans les tâches nécessitant des compétences de décodage.

La théorie n'implique pas une nette séparation des sexes : 17% des hommes ont un cerveau empathisant et 17% des femmes un cerveau systématisant, et la plupart des gens un cerveau « équilibré » développant les deux aptitudes de manière équitable.

L'autisme, l'extrême masculin

Pour Baron-Cohen, autisme résulterait d'une incapacité à interpréter les émotions et les actions d'autrui. Ils sont incapables d'évaluer l'état d'esprit ou les intention des autres.

D'après ses travaux,

• le cerveau masculin est principalement câblé pour comprendre et construire des systèmes.
• le cerveau féminin est principalement câblé pour l'empathie.

Les autistes ne pensent qu'à comprendre et à travailler avec des systèmes mais ne sont pas « outillés » pour l'empathie.

L'autisme est une forme extrême du cerveau masculin.