Avez-vous le physique de l'emploi ?

Placez-vous à la terrasse d'un café, regardez autour de vous, et imaginez en fonction de la simple apparence physique ce que sont, ou font, les personnes qui vous entourent. Essayez de discerner à partir de cette apparence, leur personnalité, leur caractère, leurs compétences, leur classe sociale, leur travail. Ces personnes vous paraissent-elles gentilles ou méchantes, intelligentes ou stupides, efficaces ou inefficaces, , dominants ou dominés.

On a l'habitude de penser que les discriminations sociales positives ou négatives se font généralement en fonction de nos origines, notre couleur de peau, notre foi, notre sexe, notre type de sexualité, c'est-à dire notre identité. En revanche, la beauté, le look, la taille, l'âge, le handicap ou le poids sont rarement des traits qui nous viennent à l'esprit quand on évoque les discriminations. Et pourtant, de nombreuses études montrent que l'apparence physique influe sur le statut social et les postes auxquels nous pouvons prétendre, et la représentation que les gens ont de notre personnalité ou de nos compétences.

Afin de mieux comprendre ce qui se passe, intéressons-nous au phénomène de Halo mis en évidence en 1920 par le psychologue américain Edward Thorndike et démontré en 1946 par le psychologue américain Solomon Asch. Selon ces chercheurs, l'effet de halo est un biais cognitif qui tend à attribuer des qualités ou des défauts, à quelqu'un ou à quelque chose, uniquement sur la base de son apparence physique ou de sa notoriété. Autrement dit, nous aurions tous tendance à généraliser la première impression que l’on a de quelqu’un. Si celle-ci est favorable, alors j’interpréterais favorablement ce que cette personne dit ou fait. C'est l'effet de halo positif ; à l’inverse, si ma première impression est défavorable, je verrais ses actes sous un angle négatif. C'est l'effet de halo négatif.

Pour les psychologues sociaux, Bruner et Tagiuri en 1954 et Rosenberg en 1977, nous construisons des théories naïves qui naissent de nos croyances quotidiennes et qui viennent du « bon sens ». Au travers de ces théories, nous estimons que certains traits vont ensemble et d’autres non, sans aucun critère objectif de validité. Par exemple, nous associerons volontiers intelligent avec sérieux, ou extraverti avec léger, athlétique avec dynamique, gros avec paresseux, grand avec leader, blonde avec naïveté, …

Suite aux travaux de ces précurseurs, de nombreuses expériences dans différents domaines ont été menées un peu partout et et les résultats sont pour le moins parfois surprenants... Ainsi par exemple, en 1975, Cliford se penche sur le cas des enseignants. Dans son expérience, les professeurs doivent décrire d’après leurs photos des enfants sur plusieurs dimensions : intelligence, évaluation des chances de succès scolaire, évaluation de l’intérêt probable de leurs parents pour leurs activités scolaires. Conclusion de l'expérience : un enfant jugé « beau » par les enseignants sera perçu comme plus intelligent, ayant plus de chances de succès, et ayant forcément des parents plus investis dans leurs carrières scolaires...

De la même manière de nombreuses études montrent que les recruteurs ont tendance à évaluer les porteurs de lunettes comme étant plus intelligents, et les hommes et femmes d’apparence séduisante comme plus dynamiques et dignes de confiance.

Selon les études et analyses menées Daniel Hamermesh professeur et spécialiste de l'économie du travail à l'université de la Royal Holloway à Londres, les gens au physique attrayant gagnent en moyenne jusqu’à 12% de plus par an que tout le monde, en plus d’augmenter la probabilité de trouver un conjoint plus beau et plus aisé financièrement. De la même manière des études réalisées en 2004 montrent que plus vous êtes grand et plus vos chances sont élevées d'accéder à des postes de pouvoir et d'obtenir un salaire plus élevé. Et l'effet n'est pas négligeable, en moyenne 300 € par centimètre... Pour 10 cm de différence de taille il y a donc 3000 euros de différence de salaire en fin d'année. Bien qu'il soit peut-être impoli d'y penser, nous dit Daniel Hamermesh bien paraître - ou du moins prendre soin de votre apparence - est une compétence professionnelle que les chasseurs de têtes recherchent .

A l'inverse, la laideur peut nous décôter socialement et jouer en notre défaveur. En France, la chercheuse Hélène Garner-Moyer montre que les CV de jeunes femmes dont la photo est jugée séduisante obtiennent plus de réponses alors même que ce poste n'est pas en contact direct avec la clientèle. La beauté nous dit-elle va de pair avec des stéréotypes positifs et une présomption de compétences dans le relationnel, le commercial ou l'implication dans son travail, et à l'inverse les physiques moins séduisants vont de pair avec des stéréotypes négatifs et des compétences liées plutôt à la rigueur et l'organisation.

Mais ces constats liés aux effets de halo sur le physique des personnes, vaut également pour les marques et les personnes dont la notoriété influe également sur notre jugement. Ainsi si votre acteur préféré conduit une certaine voiture, mange certaines céréale ou bois un café particulier, alors bientôt, par contagion vous aimerez cette voiture, ces céréales ou ce café car vous attribuerez à ces produits toute sorte de qualités positives que vous attribuiez à cet acteur. Et par effet de contagion, vous jugerez également plus positivement les marques sous lesquelles sont vendus ces produits.

Mais comme toute face à son revers les aspects positifs de la contagion peuvent très bien tourner à la catastrophe et précipiter la chute d'une marque ou la réputation d'une personne. Les idoles brûlent aussi vite qu'elles ont été créées. La politique use et parfois abuse de ce phénomène pour réduire à néant leurs adversaires : détruisez la réputation d’une personne sur un domaine, déteindra sur sa réputation dans des domaines n’ayant pourtant rien à voir.

Le sociologue Jean-François Amadieu, auteur du livre "La société du paraître", nous dit que contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'apparence physique est très liée au milieu social. Outre la beauté ou la laideur, les vêtements que l'on porte, le maquillage plus ou moins appuyé, le port de tête, votre accent, le langage que vous utilisez, l'allure générale, sont autant de codes sociaux qui permettent de se distinguer et qui peuvent, aux yeux de vos interlocuteurs, être jugés positivement ou négativement. En outre, selon votre statut social, vous êtes plus ou moins exposé à l’obésité; De la même manière, l’accès aux soins dentaires ou l’exposition au risque de handicap sont inégalement répartis selon la classe sociale à laquelle vous appartenez.

Selon ses dires,

«Les inégalités d’apparence physique constituent des cercles vicieux ou vertueux. Les grands, comme les minces, vont faire une meilleure carrière, se marier avec des gens qui ont une belle apparence, les capitaux vont s’assortir, et il y aura donc transmission aux enfants d’une manière ou d’une autre. Ces inégalités sont donc contrairement aux apparences très liées au contexte social, puisque des variables comme la coupe de cheveux, le look et le prénom ont beaucoup à voir avec les normes sociales.»

(Pour finir, voici un sondage réalisé par l'IFOP en 2015 assez éclairant sur les différentes causes de discrimination à l'embauche.)

Voilà vous savez, reste à savoir ce que vous ferez de ce petit savoir... A bientôt.

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Question numéro 1 : De quoi est-il question dans cette vidéo ?

Réponse A : De la légende selon laquelle le physique influe sur l'emploi

Réponse B : De la description d'un phénomène psychologique intervenant dans la discrimination à l'emploi

Réponse C : De travaux psychologiques sur le physique des personnes

Réponse D : Des méthodes de recherche d'emploi

Commentaires :

Réponse B: De la description d'un phénomène psychologique intervenant dans la discrimination à l'emploi. Il s'agit bien dans cette vidéo de la présentation de travaux de différents chercheurs relatant l'influence du physique et l'employabilité des personnes. La réponse A : il ne s'agit pas d'une légende mais de résultats de travaux scientifiques et de la réelle discrimination des personnes en fonction de leur physique. Réponse C : Il s'agit bien de travaux de psychologie mais cette réponse n'est pas assez précise. Réponse D : il ne s'agit pas d'expliciter des méthode de recherche d'emploi.

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Question numéro 2 : Qui a démontré que les personnes au physique attrayant obtenaient plus de réponses positives avec leur C.V., alors même que le physique n'entrait pas en ligne de compte dans l'emploi considéré ?

Réponse A : Edward Thorndike

Réponse B : Daniel Hamermesh

Réponse C : Hélène Garner-Moyer

Réponse D : Jean-François Amadieu

Commentaires :

Réponse C : Hélène Garner-Moyer. ("En France, la chercheuse Hélène Garner-Moyer montre que les CV de jeunes femmes dont la photo est jugée séduisante obtiennent plus de réponses alors même que ce poste n'est pas en contact direct avec la clientèle.")

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Question numéro 3 : Qui est l'auteur du livre "La société du paraître" ?

Réponse A : Edward Thorndike

Réponse B : Daniel Hamermesh

Réponse C : Hélène Garner-Moyer

Réponse D : Jean-François Amadieu

Commentaires :

Réponse D : Jean-François Amadieu. ("Le sociologue Jean-François Amadieu, auteur du livre "La société du paraître", nous dit que contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'apparence physique est très liée au milieu social.").

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Recommandations...

• Arrêtez-vous également quelques instants sur les pièges dans lesquels vous êtes tombé, afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs.
• Balayez rapidement le vocabulaire qui vous revient en tête sur le thème proposé par chaque question. Quelques minutes suffiront à mener à bien cet exercice.
  • N'hésitez pas non plus à enrichir votre vocabulaire en effectuant des recherches sur Internet.
• Complétez ou faites une nouvelle fiche ! Notez tout ce que vous ne saviez pas encore, ou tournure de phrase que vous désirez retenir.

Petits rappels pour éviter quelques pièges et vous remettre en tête l'essentiel... (Exercice d'entraînement pour mémoriser les connecteurs logiques anglais)

• Essayez de formaliser quelques phrases ou questions (même simples) ...
  • Ne vous contentez pas de lire, pour mémoriser et acquérir des automatismes cela passe, aussi et surtout, par la pratique (écrite et orale).